Ma semaine n'avait pas été différente des précédentes, j'avais couru entre l'academy et la fac, un rythme bien sportif, mais cela ne me dérangeais pas du tout, bien au contraire. La veille à l'academy nous avions eu une "inspection surprise". Il n'était pas rare que des infirmières débarques et nous examine, et même des tests urinaire, afin de détecter les élèves qui avaient recours et des dopants. Nous avions aussi été pesés, l'épreuve la plus compliqué pour moi. Bien que mes soucis de santé et de poids étaient derrière moi, j'avais toujours du mal avec cela, du mal à prendre du poids correctement et à manger correctement.

Nous sommes samedi et je comptais passer un week-end tranquille, bien que j'avais pas mal de chose à faire, des devoirs et une vidéo pour Madame Williams, je l'avais quasiment fini, mais je devais encore peaufiner. Cependant, je ferai tout cela demain, aujourd'hui, j'allais retrouver Joey. Je termine de me préparer et je descends à la cuisine afin de prendre un verre de jus d'orange, pour la boisson chaude, je me dis que nous pourrions nous arrêter quelque part avec Joey, pour profiter d'une bonne boisson chaude. Je prends mes affaires et je quitte la maison.

J'avais proposé à Joey que l'on se retrouve chez lui, j'avais une voiture, je pouvais nous conduire pour nos différents achats. Il ne me faut pas longtemps pour rejoindre Mid City et l'immeuble où vit Joey. Je me gare devant chez lui et j'entre dans l'immeuble. Il vit au rez-de-chaussée, j'arrive donc rapidement à la porte de son appartement et je sonne. Il ne faut pas trop longtemps à Joey pour venir m'ouvrir, je lui fais un grand sourire, ravis de passer du temps avec lui. « Salut petit frère »     
 

Son antre qui avait été inviolé depuis si longtemps se retrouvait soudainement envahi de toutes parts. Oui, envahi ! Parce qu'on ne pouvait pas dire que Jayson ou Jordane lui avait laissé le choix de leur proposer un autre point de rencontre. Et en toute honnêteté, ça ne l'avait pas tué... Du moins lors de cette soirée passée avec Jayson et il supposait qu'il y avait toutes les chances qu'il en soit de même pour Jordane, même si ça lui faisait bizarre de voir son studio transformé en moulin à vent ! Mais ça aussi, il supposait qu'il pourrait faire avec, d'autant qu'il avait toujours son chien de garde grassement payé par tonton... Ou pas. Parce que quelqu'un toquait à sa porte sans qu'il n'y ait le moindre cri qui ne le précède... Et ce n'était juste pas normal ! La première supposition qui lui vint à l'esprit était que Madame Martinez avait une extinction de voix... La pauvre, elle qui aimait tellement l'utiliser. Mais l'avantage, c'est que ça allait reposer les oreilles à l'immeuble tout entier ! Sauf que ça ne tenait pas vraiment la route parce qu'il était sûr qu'elle aurait fait rempart de son corps, à défaut de sa voix. Et là, ça avait toqué !

Et sans surprise, il avait découvert Jordane en ouvrant la porte. Mais ce ne fut pas sur elle que son regard s'attarda mais plutôt sur la porte ouverte derrière elle. Où une tête -sans bigoudis aujourd'hui- dépassait dans le couloir avec un sourire... entendu ? "Sœurette, je te présente Madame Martinez. Elle... surveille ma porte et l'entrée de l'immeuble... Bonjour Madame Martinez. Comment allez-vous ce matin ?" Et ce n'était clairement pas une extinction de voix qui expliquait l'étrange comportement de sa concierge autoproclamée ! "Oh... Mais ne vous occupez pas de moi. Continuez, continuez, vous êtes si mignons tous les deux. Et c'est tellement agréable de vous voir avec une jolie jeune femme Monsieur Backer..." Avant que sur un dernier sourire particulièrement appuyé, elle ne referme la porte -en douceur !- sur elle. Et que lui n'en reste sidéré à fixer cette porte en se demandant ce qui s'était passé... Il ne savait plus si c'était Ilian ou Markus qui avait suggéré qu'elle puisse être homophobe. Il ne l'avait pas cru à l'époque. Il s'était visiblement trompé. "Apparemment, elle a pris "Sœurette" pour un prénom..." Il ne voyait que ça comme explication, et il imaginait déjà la tête de Lance lorsqu'elle lui ferait son rapport... Mais il n'allait certainement pas se prendre la tête pour la mégère de l'immeuble ! Il en revint donc à Jordane pour lui proposer. "Comment tu vas ?... Tu veux un café avant qu'on y aille ? Mais j'en ai qu'à la noix de coco... Mais c'est délicieux, ça a un goût de gâteau !" Lui avait déjà pris un café avec un toast nature, surtout à cause de son diabète. Mais il pouvait tout à fait en prendre un second, sans le toast.


@Jordane Backer

J'étais curieuse de voir l'appartement de mon petit frère, bien qu'il soit le petit dernier, il avait déjà son propre appartement. J'avais déjà eu mon propre studio, quand je vivais à Barcelone, mais en revenant faire mes études en ville, j'étais retourné chez mes parents et ce n'était pas toujours facile. Non pas que mes parents ne me laissaient pas libre, mais mon père avait tendance à surveiller les personnes avec qui je sortais, dans le genre papa poule, on ne fait pas mieux que Jayden Backer. Bon, après, il m'arrivait de passer des nuits chez Manolo, j'avais même laissé pleins d'affaire chez lui. Bref, aujourd'hui, c'était le studio de mon petit frère que j'allais voir.

Je me gare devant l'immeuble de Joey et je me rends jusqu'à sa porte et toc. Joey ne m'est pas longtemps à venir m'ouvrir. Je lui fais un grand sourire, je suis contente de le voir. Alors que j'allais faire la bise à mon frère, je sais qu'il n'aime pas trop cela, mais avec moi, il n'allait pas avoir le choix, mais je ne fais rien, car nous sommes surveillés. Joey me présente sa voisine qui a sorti la tête de son appartement. Il me semble que Jays en avait parlé à papa un matin qu'il prenait son petit déjeuné à la maison. Je souris à la voisine. « Bonjour Madame Martinez. » D'après Jayson, cette femme est un peu folle, mais là elle est très calme et pour cause, elle croit que je suis le rancard de Joey, elle nous dit même nous trouver adorable. Elle repart aussi vite qu'elle est apparue, avec un petit sourire...plein de sous-entendu. Je pose de nouveau mon regard vers Joey. « Avec un tel prénom j'aurais le droit d'attaquer mes parents en justice... » je rigole.

« Je vais très bien, semaine bien chargée, mais j'aime cela...et toi ? » Je souris à mon frère et je finis par lui faire un petit câlin et un bisou sur la joue, il n'a pas le choix, c'est mon petit frère, j'ai bien le droit. « Je veux bien gouter ton café... » Il me laisse entrée chez lui et je retire la veste que je porte. Je regarde autour de moi. « C'est mignon chez toi... tu es bien ici? »

Un jour, il parviendrait à savoir combien Lance rémunérait sa voisine de palier pour sa surveillance quasi H24 ! Certainement une petite fortune vu la célérité avec laquelle celle-ci effectuait sa tâche. Mais aujourd'hui, il n'y eut aucunement besoin de donner son surnom ou quoi que ce soit de la sorte pour que sa "concierge" donne son aval à cette visite. Quoi qu'on pouvait en dire, être une jolie fille vous donnait tout de même des avantages indéniables... Mais jolie fille ou pas -et sa sœur l'était assurément !- cela ne l'empêcha pas de la taquiner sur ce drôle de quiproquo. "Pourquoi ? C'est joli, Sœurette ! A l'école, tu aurais eu le droit à "Bonne sœur" comme surnom ou mieux, "La Nonne" ! En plus d'un crucifix à chacun de tes anniversaires, et forcément tous les ans une jolie Bible offerte par tonton Lance. Ca aurait été sympa, non ?" La journée débutait donc dans la bonne humeur alors qu'il poursuivait sur sa lancée, et de façon très logique. "Et il n'aurait plus manqué qu'ils appellent Jeremy, Frérot !" Et il était très fier de ses âneries en plus !

Faisant entrer sa sœur dans son appartement, il sourit à sa remarque alors qu'il se dirigeait vers la cuisine. "Je vais très bien aussi, et semaine... Habituelle ?" Après tout, il se limitait à faire ce qu'on lui disait de faire ! Du mieux possible et le plus rapidement possible. Même si Lance en rajoutait une louche de son côté puisqu'il était toujours actionnaire de la Nanot... Mais ça, c'était Lance ! Il se préoccupa donc plutôt de préparer le café alors que la mention de la déco le faisait sourire avec douceur. "C'est papa qui a quasiment tout fait. Je donnais mes directives, j'allais bosser et quand je rentrais, c'était fait, les meubles montés et tout. Il a vraiment été cool..." Même s'il se doutait bien qu'il avait sans doute reçu de l'aide mais ça restait vraiment sympa de ne pas l'avoir laissé se débrouiller seul. Parce qu'il aurait été bien embêté ! "L'appartement appartenait avant à une femme et c'était... girly ? Il y avait des cœurs sur les murs de la salle de bain !" Son père avait vraiment fait un travail énorme pour rendre tout ça correct. Et il adorait vraiment le résultat. "Alors oui, j'y suis très bien. Même si on ne va pas se mentir, le Bunker avait de sacrés avantages ! Mais au moins ici, j'ai pas besoin de passe pour y entrer." Et c'était un sacré avantage lorsqu'on savait qu'il s'était retrouvé à la porte du Bunker du jour au lendemain, Bunker censé lui appartenir ! Et tout en parlant, il avait déposé la tasse de Jordane sur le comptoir qui dégageait un arôme de noix de coco mêlé à celui de l'arabica habituel. "Tu veux du sucre, j'en ai dans une boite tout au fond du placard." Vu que ce n'était pas l'ingrédient qu'il utilisait le plus !

En arrivant dans le bâtiment de Joey, je me dirige directement vers sa porte d'appartement et nous tombons sur sa voisine, qui à l'air de surveiller tous les moindres faits et gestes de Joey, elle doit aussi surveiller ses allers et venues, je n'aimais clairement pas que l'on me surveille ainsi ! Je crois bien, je suis même sûr, que je ne laisserais pas faire ! Enfin, la voisine nous laisse tranquille, pensant que nous sommes en couple, drôle de situation tout de même, surtout que Joey m'a appelé "Sœurette" Une fois chez Joey et la porte fermé, nous parlons du prénom que la voisine croit que je porte, le fameux "Sœurette" avec un tel prénom, j'aurais pu attaquer mes parents en justice et gagner pas mal d'argent ! « Joey qui fait de l'humour... » je rigole, ses dires m'ont fait bien rire. « Encore plus sympa après la découvert de la Nonne de Valak... » je rigole avec mon frère « Avec des prénoms comme cela...nous aurions maudit nos parents... »

Alors que nous entrons dans la cuisine, il me questionne sur ma semaine, je n'avais pas eu le temps de m'ennuyer et je lui retourne la question, il va bien, je le crois, il a vraiment l'air d'aller bien ! Quant à sa semaine, elle a été "habituelle" mais cela semble lui plaire, c'est Joey, je n'en suis donc pas étonné. « Et comment est Monsieur Grimaldi? » Je suis curieuse, je l'ai toujours été et encore plus quand une personne semble tellement...intrigante !

Joey prépare le café et mes yeux parcourent son appartement, c'est tout mignon ici, un petit cocon. « Papa est donc un bon entrepreneur...j'en prends note, j'aurais peut être besoin de ses services un jour... » je fais un petit sourire à mon frère. « Girly? Tout dépends de la couleurs des coeurs? » il y a différents degré dans le "girly".

Au delà de la déco, je lui demande s'il se sent bien ici, c'est le plus important. « Oh je suis sûr que ta voisine peut très bien faire office de Bunker à elle toute seule... » je savais que le Bunker était le surnom que donnait Joey à l'un des appartements de Lance, qui n'avais rien à voir avec la définition d'un Bunker, car il ne s'agissait pas d'une "Construction souterraine très protégée"

Il pose mon café sur la table « Merci...il sent super bon... » j'aimais la noix de coco, heureusement. Il me demande si je veux du sucre, je ne mets jamais de sucre dans mes boissons, ce n'est pas à cause d'une maladie comme Joey, mais...c'est du sucre ! Bien que j'aille beaucoup mieux, j'ai encore tendance à faire attention à ce que je mange. « Non merci... » je porte la tasse de café à mes lèvres, je souffle dessus et je bois une gorgé. « Ils ne mentent pas sur la touche "noix de coco" j'adore ton café. »

Voilà qu'il passait pour le coincé de service ! Pourtant, il pouvait avoir de l'humour même si parfois il ne le faisait pas exprès. Mais c'était juste plus compliqué lorsqu'on craignait de se voir attaqué à la moindre parole prononcée... Mais ce n'était ni le lieu, ni le moment, pour parler de ça. Par contre... Pourquoi tout le monde lui posait cette question ?! Et comment était-il censé savoir ça ? Sawyer était son patron, pas un copain d'école ! Il se rabattit donc une nouvelle fois sur la réponse qu'il avait donnée à Jayson. "Euh... Comme Lance ? En moins pataud ?" C'est qu'à force de réfléchir à la question, il devait bien admettre que Sawyer semblait tout de même moins manipulable que Lance. Après tout, il faisait de Lance ce qu'il voulait maintenant -ou presque !- à peu près de la même façon que Jordane embobinait leur père avec ses sourires enjôleurs... Mais il n'était pas sûr qu'il se serait risqué à en faire de même avec Sawyer. Du moins pas de la même façon. "Mais si tu veux en savoir plus, il faut demander à Lance. Ou à Miguel, il a travaillé bien plus longtemps que moi pour la GEH." Voilà, problème résolu ! Lui après tout, ne faisait qu'occuper 8h par jour le même bâtiment que son patron...

Mais il pouvait cependant rajouter une chose puisque ça semblait intéresser Jordane. "Par contre, toutes mes collègues féminines ne font que baver sur lui à la pause café. Je sais pas comment elles se débrouillent mais il y en a toujours une qui arrive à le croiser le matin... Les femmes sont parfois effrayantes, tu trouves pas ?" Et c'était bien à une femme qu'il demandait ça ! Mais lui avait bien autre chose à penser le matin que de coller ses horaires à ceux de son patron.
D'ailleurs, il laissa rapidement tomber le sujet de Sawyer pour en venir à son appartement, tout en préparant les cafés. Et en s'étonnant une nouvelle fois de la question de sa sœur. "Bah, les cœurs c'est toujours rose, non ?" Bon, parfois rouge lors de la Saint-Valentin mais ce n'était guère mieux ! D'ailleurs, il se refaisait tous les ans les deux saisons de la série Twin Peaks, et ses situations hautement improbables, rien que pour éviter cette soirée. C'est qu'il préférait encore avoir à faire avec la femme à la bûche ou la folle aux rideaux plutôt qu'avec le moindre cœur ou le plus petit angelot... "...En tout cas, ils étaient bien roses." Et surtout, ils n'étaient pas restés accrochés bien longtemps à son mur !

Quant à Madame Martinez, et malgré toute sa bonne volonté, ce n'était pas si simple que de s'affirmer comme gardienne des lieux. C'est que ce n'était pas le Bunker ici, et il était le premier à le regretter. Les étoiles lui manquaient. "Non. Elle essaie et elle fait ce qu'elle peut la pauvre, mais... C'est pas le Bunker ici." Souriant, il lui demanda. "D'ailleurs, tu as déjà été au Bunker, toi ?" Et il pensait connaitre la réponse, quoiqu'il pourrait encore être surpris ! C'est que peu de personnes résistaient au charme de Jordane lorsqu'elle désirait quelque chose. Et elle était suffisamment curieuse pour avoir eu envie de voir par elle-même à quoi pouvait bien ressemblait ce Bunker. Un simple loft en vérité, mais un nid d'aigle avec les étoiles pour écrin... "Tu n'as que deux moyens. Soit avoir le passe avec l'autorisation de dernier niveau, ce qui veut dire que tu as aussi accès au second sous-sol, soit être invité... Et quand j'y suis, généralement Lance n'invite personne." Mais il était loin d'y être en permanence et surtout, ça faisait un bon moment qu'il n'y avait plus mis les pieds !

Et sans surprise, Jordane aima son café. Pour quelqu'un qui se privait de sucre, ce n'était guère étonnant ! Et il aurait presque pu en sourire si ça n'avait pas été si compliqué pour sa sœur. Il préféra donc expliquer tout en regrettant de la voir refuser ce que lui voudrait pouvoir tant s'accorder. "Depuis que je suis diabétique, je cherche le goût du sucre partout où je peux le trouver. Et dans ce que j'ai le droit surtout !" Ce qui limitait drastiquement les choses. "C'est dommage que t'en profites pas, au moins un tout petit peu. Après, quand t'es malade, c'est trop tard..." Un conseil qui ne ferait certainement pas le poids -et c'était le cas de le dire !- face à l'angoisse de la balance...

J'allais passer ma journée avec mon petit frère, Joey, cela faisait un petit moment que nous n'avions pas eu l'occasion de n'être que tous les deux. Première étape, la visite de son appartement, je n'y avais encore jamais mis les pieds. Joey avait quitté le cocon familial depuis un petit moment, il avait beau être le plus jeune de la fratrie, il était le premier à avoir pris son envol. Il me tardait aussi d'avoir mon appartement, mais pour le moment, avec mes études, je n'étais pas si mal chez papa et maman. Je reconnais cependant qu'il y a bien des jours où je rêvais de quitter le nid familial ! Comme la fois où maman avait fouillé toute ma chambre en se faisant des films assez incroyables.

Alors que Joey me fait visiter son appartement, je le questionne sur son nouveau travail et sur son nouveau patron. Patron que j'avais rencontré ou du moins croisé à l'hôpital, au moment de l'opération de Joey. Je fais un petit sourire à Joey. « Et plus sexy... » Heureusement tout de même que je trouvais Sawyer plus sexy que mon Oncle Lance. Sawyer avait ce truc en plus, que je ne serais pas expliqué et qui faisait que l'on tournait le regard vers lui. Joey finit par me dire que si je veux en savoir davantage, je peux aller questionner Miguel ou Lance, oui, je me vois totalement avoir ce genre de conversation avec eux. Je regarde mon petit frère et un sourire aux lèvres, je lui dis. « J'étais juste curieuse... »

Cependant, mon frère ajoute un petit truc sur son séduisant patron. Les informations ne m'étonnent pas trop, Sawyer a ce truc incroyablement attirant, d'un seul regard, il vous captive. Je ne peux qu'éclater de rire à la réflexion de mon frère. « De ce point de vue, c'est effectivement effrayant...ça fait un peu obsessionnel... » fantasmer et nourrir une tel obsession pour son patron, pauvre homme !

Alors qu'il prépare des cafés, il me parle de son appartement, des travaux effectivement et de l'ancienne décoration. Je pose mon regard sur mon frère. « Oui bien sûr et les femmes font des batailles de polochons quand elles font une soirée ensemble... ah les hommes et leurs idées reçues ! Tous les cœurs ne sont pas roses... » L'époque des cœurs roses et révolue. « En tout des cas, j'aime beaucoup la déco que tu as choisie... je n'aurais pas gardé les cœurs non plus... » J'ai beau être une fille, des cœurs partout, c'est beaucoup trop kitch.

Nous parlons alors de sa voisine, qui joue les chiens de garde. Je ne sais pas du tout comment Joey accepte cela, je ne supporterais pas ! Puis ce n'est pas comme çi il risquait une attaque à chaque minute de sa vie. « Non, je n'y ai jamais mis les pieds...drôle d'appellation d'ailleurs pour un appartement en hauteur... » un bunker est à l'origine une construction souterraine, mais il ne fait aucun doute que l'appartement de Lance, était tout aussi bien protégé. « La vue doit y être vraiment incroyable ! » A Barcelone Pablo avait un loft tout en haut d'un immeuble et j'adorais voir la ville à cette hauteur. Je souris à Joey. « A l'occasion je demanderais à Oncle Lance de me faire visiter... » j'étais curieuse de voir.

Le café préparé, je le goûte, il est très bon, ce petit goût de noix de coco, c'est très appréciable, je n'avais encore jamais goûté. « Rassure toi, j'en profite, surtout à l'école, avec les journées que nous faisons, nous avons un régiment alimentaire plein de plaisir... » Pas le choix ! Nous dansions plusieurs heures par jour, nous devions manger du sucrée, des choses assez riches, pour nous tenir au corps et surtout éviter les faiblesse physique face aux effort que nous faisons. « Comment vas ton diabète d'ailleurs? Tu vois ton médecin régulièrement? » je ne voulais pas du tout l'embêter, juste m'assurer que mon petite frère prenait soin de sa santé.

Décidément, Sawyer attirait les regards ! Et si Lance aurait sans doute ajouté "Même les plus innocents" puisqu'il s'agissait de Jordane après tout, lui savait mieux. Jordane était dans sa curiosité à peu près aussi innocente que lui... Mais ça l'amusait ! "Oui, en beaucoup plus sexy. Et tu peux me croire à la machine à café, on ne discute pas de sa capacité à gérer la GEH !" Chose dont personne ne doutait d'ailleurs... Seulement, ce n'était pas lui qui allait pouvoir répondre aux questions de sa sœur pour la simple et bonne raison qu'il en connaissait bien plus sur la vie -et les amours- de ses collègues que sur celle de son patron. "Mais en vérité, je le connais guère plus que toi. Je travaille dans sa tour, pas avec lui. Et pour avoir vécu les deux situations avec Lance, je peux te dire que ça fait une sacrée différence." De quoi donc assurer à Jordane, alors qu'il en était le premier désolé, qu'elle s'adressait à la mauvaise personne.

Mais d'une certaine façon, Sawyer était à l'image de Lance avec ses caméras. Et sans doute d'ailleurs qu'il devait aussi y en avoir à la GEH, c'était une chose à laquelle il ne portait plus attention depuis qu'il avait travaillé à la Nanot. Mais la distance que Sawyer s'imposait avec ses employés était à double tranchant, créant autant d'isolement que de protection. Les caméras étaient peut-être finalement un moindre mal... Alors qu'une nouvelle fois, il se faisait la réflexion qu'être le grand Manitou tenait plus de l'Enfer que du Paradis. Et que lui n'était pas si mal à son étage entouré de ses collègues... Aussi obsédées qu'elles pouvaient être ! "Des batailles de polochons ?! Je croyais que vous mangiez des pots de glace en vous faisant la manucure..." Après tout, les stéréotypes pour les mecs entre alcool et jeux vidéo s'avéraient plutôt vrais, alors pourquoi pas pour les femmes ?

Bon, peut-être pas pour les cœurs. Quoique ça, c'était plutôt un bon point pour sa sœur, tout comme pour ses goûts absolument très sûrs en matière de décoration ! Mais s'il aimait son appartement, il avait toujours préféré -et de loin !- le Bunker. Sans doute parce qu'il était lié aux souvenirs qu'il en avait avec Lance... "La vue y est magnifique. L'ascenseur s'ouvre juste en face de la baie vitrée, l'effet est toujours incroyable..." Le seul bémol était qu'on n'y avait pas d'accès à l'extérieur. L'immeuble était conçu comme un balancier pour résister dans sa partie haute et basse au Big One, jusqu'à à la magnitude 11 de l'échelle de Richter. Du moins selon les ingénieurs et sur le papier. Tout serait à terre, totalement dévasté, que la structure du Bunker et surtout en miroir, toute celle du second sous-sol seraient encore debout et intacte. Mais il préféra donner une autre raison, toute aussi vraie d'ailleurs. "Justement parce qu'on n'y entre pas comme dans un moulin ? Mais je suis sûr que tu n'auras qu'à faire ton plus beau sourire pour que Lance t'y invite aussitôt !" Lance était juste incapable de résister aux filles Backer qu'il parait de toutes les qualités, justifiées ou non.

Sirotant son café, ils en vinrent à parler sucre et santé. Et si Jordane lui assura que tout allait bien pour elle avec un régime alimentaire moins strict qu'on aurait pu le penser -ce qui était une très bonne chose !- il haussa quant à lui les épaules. "Je suis régulièrement suivi et j'arrive maintenant à gérer mes hypoglycémies... Donc ça va." Si on exceptait le fait qu'il était toujours interdit -ou du moins très fortement restreint- en sucres. Et sachant ce qui allait suivre, il para tout de suite à la question de la greffe. "Et tant que je n'ai pas de souci avec mes reins ou que je ne développe pas une résistance à l'insuline, mon diabétologue juge préférable de laisser la greffe à d'autres patients plus en détresse. Et je suis d'accord avec ça." D'autant que les organes étaient des denrées rares, et précieux. Il allait donc boire encore longtemps son café saveur noix de coco sans sucre.

J'avais rejoint mon frère chez lui, cela me faisait toujours bizarre de voir que mon petit frère avait un chez lui, rien qu'à lui. Vivre chez les parents, ce n'était pas mal, mais bon, parfois trop étouffant. Une fois chez Joey, nous parlons et je le questionne sur son travail et sur son patron, je suis curieuse. Sawyer Grimaldi est un homme qui attire bien des regards. Joey me dit que Sawyer est un peu comme Lance, du moins au travail, je ne peux cependant pas m'empêcher de rajouter que Sawyer Grimaldi est bien plus sexy. Non pas que mon oncle ne soit pas beau, mais c'est mon oncle et tout comme mon père, je ne vois rien d'autre que cela. Je regarde Joey et je ne peux m'empêcher de rire à ce qu'il vient de dire. « Je veux bien te croire... » Par la suite, mon petit frère me dit qu'il ne travaille pas auprès de Monsieur Grimaldi, chose très différente avec son travail à la Nanot, où il travaillait auprès d'Oncle Lance. Du coup, toujours curieuse, je finis pas lui demander. « Et du coup, explique, qu'es ce que tu fais là-bas? Tu travailles sur quoi...si tu peux en parler... »

« Pots de glace et manucure... » Je lui fais un petit sourire. « Tu n'es pas si loin de la réalité. » Ce sont effectivement des choses que nous faisons lors de soirée fille. Bon, pour le pot de glace, j'y vais toujours doucement, mais Joey voit juste. Bien entendu, nous ne nous contentions pas de faire cela. Nous en profitons pour parler de tout et de rien, parfois de garçon et nous nous passions des films et en plus de manucure, nous faisions aussi d'autres actes de beautés. Après, je ne doute pas que certaines filles jouent à des jeux vidéo.

Nous parlons alors de l'appartement que Joey avait baptisé le "Bunker" un appartement en haut de la tour où étaient les locaux de la Nanot. La façon dont mon frère en parler, prouve un réel attachement pour cet appartement. Pablo avait ce genre d'appartement à Barcelone ou encore à Buenos Aires est la vue était sublime. « La nuit, ça doit être quelque chose, avec toutes les lumières...et levé du soleil, un spectacle magnifique... je serais curieuse de voir San Diego d'aussi haut... » Joey me donne une astuce pour voir cela, une technique que je faisais avec mon père, je faisais cela avec mon père depuis mon plus jeune âge. Je rigole avant de dire. « J'en prends note... »

Alors que nous prenons un café, je prends exactement la même chose que Joey, le sucre, ce n'est pas trop mon truc. Puis bon, le café de Joey est très bon comme cela. J'en profite pour le questionner sur sa santé. Est-ce que les dire de Joey me rassure ? Je ne sais pas, je connais mon petit frère, avec lui, tout va toujours bien. « Si tu arrives à vivre normalement, c'est le principal...mais j'espère que tu fais vraiment attention... » Je lui fais un sourire, oui j'y tiens à mon petit frère. Il me parle alors d'une greffe qui ne se fera pas pour le moment, car il n'est pas prioritaire, tant que tout est sous contrôle. « Je suis d'accord avec cela aussi...puis vivre avec une greffe ce n'est pas forcément une partie de plaisir...je veux dire, il y a aussi beaucoup de contraintes... »
     

Une question bien innocente mais au double-sens qui ne lui avait pas échappé. Ce qu'il faisait à la GEH ? Lance avait dû le caser quelque part le temps que l'intérêt pour la prothèse de Lowan se calme... Le tout était de savoir ce qu'il ferait lorsque Lance le rappellerait à la niche Nanot. Parce qu'il en était à peu près là... Mais comme il n'avait pas encore de réponse à donner, il opta pour le sens premier de la question. La plus facile et celle qui était attendue de toute façon. "Il y a des mines aurifères en Afrique du Sud qui sont en fin d'exploitation. La GEH dépollue les sites de tous les métaux lourds dont le mercure et l'arsenic. Par mon expérience "humanitaire" à la clinique, j'ai une certaine habitude à négocier avec les officiels africains et mon travail consiste en ça, faciliter les démarches administratives..." Ce qui était plutôt bien résumé, même s'il avait épargné à sa sœur tout le "bien" qu'il pensait dorénavant des bijoux en or... Tant de pollution et de dégâts pour juste des parures, ça n'avait pas de sens. Mais ce n'était pas lui qui allait changer la marche du monde...

Marche du monde qui était d'ailleurs bourrée de stéréotypes puisqu'il ne s'était visiblement pas trompé sur les pots de glace et la manucure. Il en sourit, amusé, avant d'en venir au Bunker. Et il ne doutait pas qu'il suffirait à Jordane un simple sourire pour se voir ouvrir en grand l'ascenseur qui y menait ! Etre une jolie jeune femme avait ses avantages -et d'autant plus auprès de leur oncle au cœur en guimauve face aux douces jeunes filles- et Jordane aurait tort de ne pas en profiter... "Je confirme, c'est super d'être là-haut, presque à hauteur des étoiles... Je crois que j'aurais un peu de mal le jour où il me faudra rendre le Bunker." Et savoir qu'il ne pourrait plus jamais y remettre les pieds... Parce qu'il avait toujours considéré que c'était davantage le loft de la Nanot que réellement le sien, malgré les papiers à son nom. Ce loft appartiendrait à celui ou celle qui reprendrait la succession de Lance, et il savait avoir toujours été qu'une roue de secours faute de mieux. "Parce que Lance finira bien par trouver mieux que moi pour reprendre la Nanot." Il l'espérait en tout cas. Pour la Nanot.

Et pour ce qui le concernait lui et son diabète, il n'y avait pas grand-chose à en dire. Ni même à s'inquiéter d'ailleurs ! "Je t'assure que tout se passe très bien. Ca va, c'est juste une question d'habitude. Et de compensation, comme ce café !" Et il était devenu plutôt bon à ça, à tenter de trouver le goût du sucre dans les aliments les plus improbables. Du moins lorsqu'il ne craquait pas -une fois de temps en temps !- pour des choses réellement sucrées. Voire même très sucrées. "Jaylan a beau dire qu'il n'y a rien de mieux que le sexe, franchement le sucre, ça a quand même un level sacrément haut." Ou comment dévier mine de rien sur un tout autre sujet... Le tout avec un petit sourire taquin. "Et puisqu'on en est à parler de ça, donc tes amours ?" Oui, il faisait son curieux et c'était toujours plus intéressant que son diabète ! Mais ce n'était clairement pas pour mettre des barrières à sa sœur, elle était suffisamment grande pour savoir ce qu'elle faisait.