Après la mort de mon père, j'avais fait le choix de rester vivre à Chicago pour un temps. Ma famille avait besoin de moi et O'Donnell Corp également. J'allais devoir prendre mes responsabilités et cela me faisait assez peur. Je savais que je pouvais être à la hauteur, je n'en doutais pas une seconde, mais je n'aurais pas imaginé devoir prendre la suite de mon père aussi jeune. Dans mon esprit, mon père était un peu un être immortel, que rien ne pouvais atteindre. Voilà 5 mois que ce grand homme nous avait quittés et il laissait un vide dans mon cœur, un vide qui ne se remplirait plus jamais. Ma mère se montrait forte, mais cela n'avait rien d'étonnant, elle était le pilier de notre famille et s'était toujours montré très forte dans toutes les épreuves que Dieu lui avait infligées. J'étais aussi resté fort, c'est ce que tout le monde attendait de moi, mon père en tête de liste.

L'idée de vivre à Chicago m'avait un peu effleuré l'esprit, mais qu'es ce que j'allais faire à Chicago ? Ma place était à San Diego, certes loin de ma famille, mais j'avais ma seconde famille en Californie et ma vie. Nous avions des bureaux d'O'Donnell Corp dans plusieurs Etats, mais le siège social se trouvait à Chicago, j'avais pris la décision de le déborder à San Diego et j'avais offert une belle promotion aux employés qui avaient accepté de venir vivre à San Diego, certains étaient même montés en grade. Alors bien entendu, j'allais devoir faire les déplacements que mon père faisait autrefois, mais cela ne me faisait pas peur.

J'avais appris pour Lance et j'avais eu de la peine de ne pas pouvoir venir à San Diego avant, au moment des faits, mais j'avais des responsabilités et pendant une fraction de seconde, j'avais eu l'image de Lance devant moi, me disant de faire face à ses responsabilités, plutôt que de courir à son chevet, il était comme mon père ! J'avais donc poursuivi mon travail à Chicago. Mais aujourd'hui, j'étais de retour à San Diego et après un passage éclair à la villa, j'allais me rendre à l'hôpital, enfin de prendre des nouvelles de Lance et surtout de tenir compagnie à Miguel, qui était à l'hôpital.

Quand j'arrive à l'hôpital, je demande la chambre de Lance et je rejoins rapidement l'ail où il se trouvait. J'avais l'impression de replonger des mois en arrière, lors de l'hospitalisation de mon père. Mais encore une fois, je vais faire face, je sais le faire. Je souffle un coup et je frappe à la porte de la chambre. La voix de Miguel me dit d'entrer et j'entre dans la chambre. La vu du corps de Lance, allongé, inerte, me chamboule complétement, mais les bips de la machine qui contrôle sans cœur, m'apporte une certaine sérénité, il respire, il est vivant, il est là. Je fais un sourire à Miguel. « Salut petit frère... »

Voilà maintenant plusieurs semaines que Lance s'est fait tiré dessus, plusieurs semaines qu'il est plongé dans un profond coma. Jaylan essayait de nous rassurer en nous disant que son cerveau réagissait bien et que le coma est une manière pour le corps de se protéger après un gros traumatisme. Il nous disait également qu'il allait se réveiller quand il se sentirait prêt et à mes yeux le problème était bien là, quand serait il prêt à revenir parmi nous ? J'étais bien content d'avoir beaucoup de travail et la fac et à la Nanot, cela me permettait d'essayer de penser à autre chose, alors certes ça ne fonctionnait pas, mais au moins, j'étais tout le temps occupé.

Aujourd'hui, je n'avais pas cours, j'étais donc resté à San Diego et plutôt que de travailler à la Nanot, j'avais pris mon ordinateur et je m'étais rendu à l'hôpital, je pouvais très bien travailler depuis la chambre de Lance. En arrivant dans la chambre, mes yeux se posent sur le lit, avec un vague espoir, y découvrir Lance assit, mais sans surpris, je le découvre allongé. Je pose mon ordinateur sur la table et je retire la veste que je porte. « Bonjour Lance...je viens te déranger un peu, je vais profiter du calme de ta chambre pour me plonger dans certains dossiers. » Je souris et je m'approche de lit. « Oui, pendant que tu dors tranquillement, nous autres petites fourmis nous activons pour faire tourner la Nanot... » je rigole et j'ajoute. « Lowan me fait te dire qu'il attendra ton réveil pour les remerciements... » Je lui parle alors de la Nanot, du travail que nous faisons tous ensemble, avec Joey et Lowan nous formons une bonne équipe. Je lui parle aussi de certaines choses stupides que certains employés ont fait. Comme à chaque fois que je viens le voir, je lui fais un petit rapport sur la Nanot.

Après le rapport sur la Nanot, je lui parle d'une télé-réalité stupide sur laquelle j'étais tombé hier soir avec Asher et Jaylan. « J'ai vraiment hâte de te montrer cela...c'est certes complétement stupide, mais il se peut que cela te fasse assez rire... » Je regarde Lance, il n'a pas bougé, pas réagit, rien du tout. Je pose ma main sur la sienne et je me demande comment quelqu'un peut être aussi proche de nous et aussi loin en même temps. Puis je regarde son visage, l'infirmière a encore eu quelques ratés en le rasant, je lui retire les bouts de coton qu'elle lui a mis pour penser les petites coupures. « Je te l'accord, elle n'est pas du tout douée... » Je vais alors m'assoie et je prends l'ordinateur, il est temps que je me mette au travail. Tout en travaillant sur ce dossier, je dis à Lance ce qu'il en est. Certains pourraient dire que c'est stupide de lui parler, mais ils se trompent ! Il faut absolument continuer à le stimuler et j'ai besoin de lui parler, ça me donne un peu l'impression de l'avoir auprès de moi, même si rester aussi silencieux n'est pas le fort de Lance Davidson.

Quand j'entends toquer à la porte, je dis à la personne qu'elle peut entrer et je découvre Wyll dans l'encadrement de la porte. J'avais été voir Wyll à Chicago, j'avais été présent aux funérailles de son père, mais je ne m'attendais pas du tout à le voir ici. Il me sourit et me dit son fameux « Salut petit frère... » je me lève et je me jette dans ses bras et s'en même que je puisse contrôler quoi que ce soit, je m'effondre, des larmes que je retiens depuis des semaines. J'étais resté fort pendant des semaines, mais retrouver Wylliam, c'est retrouver un petit bout de famille que je n'avais plus depuis que Lance était plongé dans le coma. Et cette douce sensation, ce sentiment de bien-être fait que mes barrières s'effondre.         

La dernière fois que j'avais vu Lance, c'était pour les funérailles de mon père, il était venu avec Miguel. Les membres de la brigade étaient également venus, ils étaient même restés avec moi plusieurs jours. Mon père était resté plusieurs mois à l'hôpital avant de nous quitter. Je savais ce que l'on ressentait de voir une personne que l'on aime dans un lit d'hôpital, le faite de se sentir impuissant, face à cette horrible situation. Mais comme je l'avais dit à Miguel, Lance allait s'en sortir, pour mon père, les médecins nous avaient prévenus. Lance n'avait pas de grave maladie et bientôt, il déciderait de revenir parmi nous.

Il était grand temps que je revienne à San Diego, je voulais être auprès de Miguel lors de cette épreuve et j'avais aussi envie de retrouver ma vie, j'en avais besoin. L'une de mes premières étapes et pour l'hôpital, je savais que Miguel y était et je le rejoins donc dans la chambre de Lance. Voir Lance allongé de la sorte, c'est un peu un choc. Je connais Lance depuis des années, il avait été ami avec mon père, il avait eu des projets de mariage pour Kara et moi, j'avais travaillé avec lui et il était devenu mon ami et Dieu merci, il avait chassé ses projets de mariage.

Je salue Miguel, un grand sourire aux lèvres, je suis content de le voir. Il se lève et se jette dans mes bras en pleure. Je savais qu'il tenait très bien le coup, face à ce qu'il était en train de vivre, mais nous sommes tous humains et nous avions tous besoin d'évacuer. Je le sers contre moi. « ça va aller... » Je n'en doute pas une seconde, d'après les médecins et d'après ce que j'avais appris, Lance n'était pas condamné, ce n'était qu'une question de temps pour qu'il se réveille. Je garde mon petit frère dans mes bras. Je connais Miguel depuis le début de l'adolescence. Nous avions fait des photos ensemble, pour de grandes marques de sport et nous avions toute de suite accroché. Nous avions aussi participé à l'émission "Pekin Express" ensemble, une aventure humaine hors du commun et nous avions même gagné.