Lundi 5 juillet 2015, cela faisait deux semaines que j'étais installé à Washington avec Steve, mon fiancé. J'avais eu une immense opportunité professionnelle dans la capitale et nous avions fait le choix Steve et moi de quitter nos familles pour se lancer dans le grand bain. Après des fiançailles plus que attendu par nos parents, nous voilà installé ensemble dans un petit appartement à quelques kilomètres de là où nous avions grandit. Un boulot, une nouvelle vie ... La vie pouvait réserver plein de surprises, bonnes ou mauvaises ...

Il était déjà 8h quand Steve vint me réveiller.
- Quoi ? Déjà 8h ? Non non je suis en retard.
 Je rageais en me faufilant dans la salle de bain pour me faire un brin de toilettes.
 - Pourquoi tu ne m'as pas réveillé plus tôt ?
Steve gardait toujours son sang froid et s'excusa en prétextant que je dormais paisiblement.
 Je finis de me brosser les dents en regardant ma montre. 8h06 j'ai déjà 10 minutes de retard. Madame Cavanaugh va me tuer sur place c'est certain.
 Je sortis en trombe et rejoignis la cuisine. Steve étais assis à table et me tendit mon café. Je le bu à vitesse grand V.
 - N'oublie pas samedi mes parents viennent. Patrick sera content de te voir.
Eh merde, j'avais oublié ça. Patrick c'était son père, il m'aimait beaucoup et c'était devenu un très bon ami de mon père. Autant dire que je ne devais pas le décevoir.
 - Tu n'as pas oublié ?, continua t'il en me regardant avec ses petits yeux d'ange qui me faisait tant craquer.
- J'ai totalement oublié Steve, il y a un défilé ce week-end et je me dois d'être présente. Je ...
- Cat' ...
Je prétexta mon retard, lui fit une bise et partit à toute allure.
Même si j'aimais ses parents, je n'avais pas spécialement envie de les voir. Pas là, pas en ce moment. Ce travail était très important pour moi et ... je ne devais pas me louper.
 J'avais encore 10 minutes de métro à prendre avant d'arriver à destination. Le métro était bondé comme toujours à cette heure là. Je regardais défilé les stations et dès que mon arrêt se présenta, je bondis hors de la rame.
 Heureusement la station était non loin de la boutique. Je m'arrêta deux minutes pour reprendre mon souffle et remettre en place ma chemise.
 Je pris une inspiration et entra dans la boutique.
 - Ahh mademoiselle Stephenson, vous êtes là.
 Madame Cavanaugh me sorti son plus grand sourire.
 - Vous êtes encore en retard. Vous savez que...
 - Je suis désolée madame Cavanaugh. J'ai eu des problèmes de réveil.
- Nous avons tous nos problèmes. Vous savez bien que nos problèmes personnels n'ont rien à faire ici. Nos clients veuillent du professionnalisme, de la ponctualité et de la discretion. Allez vous préparer, le client de Sylvia arrive bientôt.
- Oui madame.
Je rentra dans le cagibi destiné aux employés. Je posa ma veste et mon sac à main. Alicia était là.
Après les formules de politesse, elle m'expliqua que Sylvia était toujours malade et que j'allais devoir m'occuper de son client le plus prestigieux et élégant qu'il soit.
De l'arrière boutique, on entendit madame Cavanaugh rire. On sortit nos têtes par curiosité.
Madame Cavanaugh faisait des courbettes à un jeune homme raffiné et très élégant.
- C'est qui ? Demandai je à Alicia sans pouvoir détacher mon regard.
- C'est ton prochain client, monsieur Grimaldi, le plus grand parti de Washington ... mais aussi l'homme le plus exigeant de la région.
Je ris à ses mots, car tous ceux qui franchissaient la porte d'une boutique Ralph Lauren étaient très exigeants.
- Je ne plaisante pas. Il donne beaucoup de fil à retordre à Sylvia et ... madame Cavanaugh veut te mettre à l'épreuve.
- Ca je le sais parfaitement. Déjà que je ne lui fais pas bonne impression, dis-je en grimaçant.
Je ne pouvais pas quitter mes yeux de cet homme, ce monsieur Grimaldi. Il était raffiné, très élégant, beaucoup d'assurance aussi. Tout ce que je n'étais pas. Comment pourrais-je lui faire bonne impression ? Moi Cat', une nouvelle recrue des boutiques Ralph Lauren. Il devait mieux connaitre l'univers Ralph Lauren que moi.
Madame Cavanaugh m'interpella pour que je les rejoigne. Je traversa timidement la boutique, ne sachant où me mettre.
- Monsieur Grimaldi, je vous présente mademoiselle Stephenson. Elle va s'occuper de vous aujourd'hui. Malheureusement, madame Atkins est souffrante aujourd'hui.
Je pris mon courage à deux mains et lui fit un bonjour avec mon plus grand sourire et en lui tendant la main. Il leva à peine les yeux et me serra la main.
Une poignée ferme et assuré. Ca me déstabilisait complétement. Je n'avais pas autant d'assurance que lui.
- Veuillez emmener monsieur Grimaldi dans la salle VIP 2.
Les salles VIP étaient réservées aux clients les plus importants de la boutique. C'était la première fois que je devais m'occuper d'un client si prestigieux.
Je montra le chemin à mon client, chemin qu'il connaissait déjà apparemment. Madame Cavanaugh saisit ma main et me dit à l'oreille.
- C'est un de nos meilleurs clients, je compte sur vous pour ne pas le décevoir et ne pas ME décevoir.
Le décor était planté, je ne devais pas me louper. Je fis bonne figure et rejoignit la salle VIP où monsieur Grimaldi m'attendait déjà.
 

Lundi 5 juillet 2015,

Je suis installé à Washington depuis plusieurs années maintenant, depuis que je suis sorti de Yale. Je n'avais aucune envie de retourner vivre à San Diego, aucune envie de voir mon père. Bien entendu, il m'arrivait d'aller à San Diego, mais je me contentais de me rendre au manoir des Rockefeller, ils sont comme ma famille et je les aime, je les aime vraiment et j'ai de l'amour de le part en retour, un amour que je n'ai jamais connu avant eux. Ma vie à Washington me plaît beaucoup. J'ai pris les rênes de la société annexe de mon père et au vu du travail que je fournis, je ne suis pas à cette place que grâce à mon père. Je travaille pendant dur pour me faire une place et un nom, sans que cela vienne de mon géniteur.

Je me réveille en sursaut, je transpire beaucoup et j'ai encore des flash du cauchemar que je viens de faire, des cauchemars qui remonte à mon enfance. Mon père et loin et sa ceinture aussi, il n'a plus levé la main sur moi depuis plusieurs années, depuis ma première année à Yale, depuis que j'ai répliqué et que j'ai cogné moi aussi. Je sors de mon lit, j'ai besoin d'une douche froide. Je traverse mon appartement et rejoins la salle de bain. Je retire le bas de jogging que je porte et je me glisse sous la douche. L'eau froide n'est pas très agréable au début sur mon corps brûlant, mais petit à petit cela m'a fait du bien. Je me lave de la tête au pied et petit à petit mon cauchemar me quitte, il reviendra cette nuit, mais pour le moment, je vais avoir le droit à une certaine paix.

Je rejoins la cuisine et Madame Smith est déjà là, en train de me préparer mon petit-déjeuner, elle me salue avec un sourire et ose me dire que j'ai une petite mine. Je me fais un grand jus d'orange, avec de véritables orange et fraîche. Elle dépose le verre devant moi et me fait un sourire. « Rien de mieux qu'une bonne dose de vitamines C... » Je lui fais un mince sourire, puis porte le verre à mes lèvres et en bois plusieurs gorgées. Elle me sert le reste de mon petit-déjeuner en silence, je ne suis pas du genre bavard. Après mon petit déjeuné, je vais me laver les dents et je me prépare à partir pour le travail. Je m'assure que rien ne dépasse, je m'assure d'être tiré à quatre épingles, comme toujours. Je rejoins l'ascenseur qui se trouve dans mon hall d'accueil et je descends jusqu'au rez-de-chaussée de l'immeuble. Je salue le concierge et je rejoins mon chauffeur.

J'ai une petite heure avant mon rendez-vous, donc je lui demande de me déposer au bureau, je n'ai pas de temps à perdre. Je travaille pendant une bonne heure, avant de rappeler mon chauffeur, pour qu'il me dépose à la boutique où j'ai rendez-vous. En arrivant la patronne me dis que la femme qui s'occupe de moi en temps normal n'est pas là, mais qu'elle va me mettre entre les mains de l'une de ses meilleures vendeuses. Je n'aime pas cela, je n'aime pas du tout les imprévus et j'aime encore moins les courbettes qu'elle me fait. L'idée que quelqu'un d'autre s'occupe de prendre les mesures sur moi ne me plaît pas, je ne suis pas fan de Sylvia, mais au moins cette dernière sais ce qu'il ne faut pas faire avec moi. Je dis à Madame Cavanaugh que je vais devoir me contenter de son autre vendeuse, je n'ai pas de temps à perdre et pas du tout l'envie de changer mon créneau.

Madame Cavanaugh me présente à la femme qui allait s'occuper de moi, et cela, ne me plaît pas, encore une fois, je n'ai pas de temps à perdre, je veux quelqu'un de compétent ! Cette femme n'a pas l'air vraiment sûr d'elle, j'allais donc devoir m'en contenter, pas le choix, je n'aime pas cela. Je réponds à son bonjour et je lui sers la main. Je ne lui accorde pas trop de regards. Je rejoins le salon privé que j'ai l'habitude d'occuper quand je viens ici et Mademoiselle Stephenson me rejoint peu de temps après. Quand elle entre dans le salon, je prends un peu plus le temps de la regarder, c'est une belle femme, je ne suis pas aveugle.  


       

Pourquoi il ne m'a pas réveillé plus tôt ? Je maugréais dans la salle de bain pendant que j'enfilais mon tailleur bleu Ralph qui, d'après Alicia, m'allait à merveille. Alors d'accord, il m'aime, il se soucie de moi mais je travaille, ce job est très important pour moi, ce n'est pas un simple passe-temps, toute ma carrière en dépend.
Steve n'avait toujours pas compris que ce métier était à prendre au sérieux, c'était la vraie vie, nous n'étions plus des étudiants.
La mode pouvait semblait superflue pour certains mais cela m'a permis de grandir et de me sentir à ma place ... enfin je commençais à trouver ma place. J'étais première de mon master de mode. J'avoue le monde réel, n'était pas si simple que les bancs de l'école mais j'allais bien finir par m'y faire.
Je pensais que la vie à deux coulerait de source mais c'était loin d'être rose. Est ce moi qui clochait ?
Je me faufila dans le premier métro. Et comme tous les matins c'était noir de monde. C'était ce que j'appelais en riant une boite à sardines. Mais bon je n'avais pas le choix, les taxis étaient hors de prix et la circulation à Washington, un enfer.
Après le monologue de madame Cavanaugh, me voilà enfin dans le vestibule et enfin un sourire amical. Alicia, a toujours été très gentille avec moi, même si j'étais très maladroite dans mon travail. Au moins quelqu'un qui me donna le sourire dans cette journée morose.
- Monsieur Grimaldi ...
Je soupirais en l'observant. Une beauté à en couper le souffle, une carrure de sportif. J'étais certaine qu'il arrivait à avoir toutes les filles qu'il voulait dans ses bras et peut être dans son lit.
Je secoua la tête rien qu'à l'idée. Non Cat', tu es quelqu'un de prude, tu n'as pas le droit de penser à ça, et encore moins quand ce n'est pas l'homme à qui tu as promis fidélité.
Je pense qu'Alicia a lu dans mes pensées car elle vint me chuchoter à l'oreille.
- Je ne pense pas que ton cher Steve apprécie que tu bave sur un autre homme.
- Arrête de raconter des sornettes. J'aime mon fiancé.
- Aimer ne veut pas dire "ne pas regarder ailleurs".
- Tu réalise ce que tu me dit là ? Ça va à l'encontre de mes convictions.
Elle haussa les épaules.
Elle avait raison, il avait quelque chose d'attirant, de ... déstabilisant.
Je rejoignis le bellâtre et ma patronne. Cette dernière m'expliqua qu'il ne fallait pas la décevoir. Je devais tout faire pour que ça se passe bien donc. Et comment faire quand le client en question nous trouble ? On n'apprend pas à faire face à ce genre de situation à la fac.
Monsieur Grimaldi m'attendait dans la salle VIP. Il était assis dans un canapé en cuir rouge. Le même qui était dans les 4 salles VIP de la boutique. Je le rejoignis avec une démarche assurée. Il m'observa. J'étais en train de franchir la porte que je referma derrière moi. Mon regard croisa le sien. Ses yeux étaient profonds, d'une noir intense. Il me dévisageait du regard, je ne rêvais pas. Je détourna le regard pour cacher ma gêne et machinalement plaqua une mèche derrière mon oreille.
Monsieur, avant de commencer voulez-vous quelque chose à boire ?
Il expliqua qu'il était pressé et qu'il préférait aller droit au but.
Il y avait un fauteuil face à lui, dans le même ton que le canapé. Je lui souris en m'asseyant dessus.
- Bon, on va pouvoir commencer.
Je pu l'observer de plus près. Il était vraiment beau, très beau, une coiffure impeccable, un regard déstabilisant, des lèvres fines et pulpeuses. Un corps d'Apollon.
Il tapota ses doigts sur l'accoudoir, ce qui me ramena à la réalité. Je me surpris à avoir les lèvres pincées. Chose que je faisais rarement.
Est ce moi, ou il était aussi nerveux que moi ?
- Alors quel est l'objet de votre venue ?
Je pris un calepin posé sur une petite table proche de nous.
Il me regardait encore. Non, mais ce n'est pas possible, quelque chose ne va pas chez moi ? Je replaça mon col de chemise nerveusement. Je plaqua à nouveau ma mèche rebelle. J'essayais désespérément de reprendre mon sérieux. Il avait le don de m'intimider mais il fallait que je sois professionnel.

Lundi 5 juillet 2015,

Ce n'était pas simple de vivre loin de San Diego, car si je me moquais bien de mon père, il y avait à San Diego une famille qui m'avait toujours donné l'impression d'être ma famille, les Rockefeller. J'avais fait la connaissance d'Ali le jour de la rentrée des classes, nous avions 4 ans et après ce jour, je n'ai, plus jamais, été seul. Cependant, pour m'éloigner de l'influence de mon père, il avait fallut que je quitte San Diego, je n'avais fait que subir les actes de cet homme depuis mon plus jeune âge et même si aujourd'hui j'étais adulte, l'enfant battu qui était en moi, avait peur des que mon père s'approchait de moi, finalement je n'étais pas si loin de ce petit garçon qui se cachait pour échapper à la ceinture de son père. Je revois la boucle de ceinture de mon père, la façon dont il avait de la faire claquer quand il m'appelait en me demandant de sortir de ma cachette. Je sursaute quand mon chauffeur me dit que nous sommes arrivés. Je le vois me dévisager dans le rétroviseur. Il me demande si tout va bien, je lui dis que oui et je sors de la voiture, une longue journée m'attendait, je ne pouvais pas me permettre de me perdre dans mon passé.

Je ne reste pas bien longtemps au bureau, j'ai un rendez-vous extérieur, un rendez-vous assez important, un rendez-vous pour renouveler ma garde de robe et pour moi être tiré à quatre épingle est très important. Je ne compte pas l'argent que je mets dans les vêtements, mais je ne prends que des costumes de haute couture, la meilleure qualité que je puisse trouver. Je retrouve mon chauffeur au pied de l'immeuble où je travaille, je monte à l'arrière du véhicule et la voiture démarre. Je ne parle pas durant le trajet, je regarde mes rendez vous de la journée, je vais encore quitter le travail tard ce soir, mais cela ne me pose pas de souci, bien au contraire. J'arrive rapidement à la boutique de Madame Cavanaugh, cette dernière m'accueille avec les grands airs qu'elle aime se donner, avec toutes les courbettes qu'elle peut me faire et prends des gants pour me dire que Sylvia ne pourra pas s'occuper de moi, mais qu'elle me laisse entre les mains de sa meilleure vendeuse, je lui dis que je vais me contenter de cette vendeuse, je n'ai pas le temps de déplacer se rendez vous.

J'attends donc dans un grand salon privé cette fameuse vendeuse, qui sait, peut-être qu'elle sera moins insupportable que Sylvia, je vais peut-être gagner au change. Je m'assois sur le canapé en cuir rouge et un tout petit sourire s'affiche sur mes lèvres, bon choix de couleur et de matière. Une demoiselle rentre dans le salon, une très belle demoiselle, il faudrait que je sois aveugle pour ne pas le remarquer. Je pose mon regard sur elle et mes yeux ne la quittent pas. Elle a une démarche assurée, mais je peux apercevoir aussi une certaine fragilité, timidité, pudeur...c'est assez attirant. Mon regard doit la gêner, car elle détourne le regard, moi, je n'en fais rien, mes yeux restent posés sur elle et la détail rapidement et discrètement, très rapidement. Elle me propose une boisson, que je décline très poliment, je n'ai pas le temps, mieux vaut aller droit au but.

Elle prend place en face de moi et le regard qu'elle me porte n'ai pas pour me déplaire, elle a l'air tellement gêner, que cela m'amuse un peu. Mes doigts viennent tapoter l'accoudoir du canapé. Sans la quitter des yeux, je réponds à sa question. « J'ai un besoin de refaire ma garde de robe...oublier tout ce que vous avez d'extravagant ou de trop voyant, le genre de vêtements à la "mode" ce n'est pas du tout mon style. »   


       

Cette journée avait vraiment mal commencé. Steve m'avait mis en retard et sur les nerfs. Je n'avais pas le droit à l'erreur. Je pensais que tout serait limpide en arrivant ici mais ce n'était pas si simple que cela. J'ai beau avoir été chaudement recommandé par monsieur Groots, mon mentor dans le monde de la mode, j'étais loin d'être la styliste que je rêvais d'être. Je n'étais qu'une petite débutante dans ce monde de requin ... et madame Cavanaugh me le rappelait chaque jour. Elle me donnait jusqu'à présent les basses besognes, servir les cafés aux clients fortunés, préparer les nouveaux catalogues, faire l'inventaire et je devais connaître sur le bout des doigts les nouvelles collections. Aujourd'hui c'était différent, je devais répondre aux exigences d'un client hors norme du nom de Sawyer Grimaldi.
Je frémis quand j'entendis pour la première fois la voix de monsieur Grimaldi. Il avait une voix suave et envoutante. Je sentais bien son mécontentement à l'idée de m'avoir comme vendeuse. Mais je ne pouvais m'empêcher de l'observer discrètement quand je ferma la porte du salon VIP. Seigneur qu'il était beau. Pour la première fois je regardais un autre homme que Steve. Moi, qui était follement amoureuse de lui, je ne m'attendais pas à cette nouvelle rencontre.
L'homme qui se tenait devant moi n'avait rien à voir avec Steve, il était élégant, très bien habillé, pas un faux pli. Il portait une montre qui devait couter plusieurs mois de salaire et des boutons de manchettes qui trahissaient sa fortune. Il n'avait pas besoin de tout cela pour être élégant, même un sac à patates aurait fait l'affaire.
Pourquoi il ne me quitte pas du regard ? Je m'enfonce dans le fauteuil, je croise mes jambes et fais mine d'écrire sur mon carnet de notes tout juste posé sur mes genoux.
Il m'expliqua qu'il devait refaire sa garde robe. Je posa le carnet et le regarda franchement dans les yeux. Soutenir son regard était compliqué mais il fallait que je lui montre mon professionnalisme. Dis quelque chose Cat', il faut qu'il se sente en confiance et pris en charge par une professionnelle.
Je comprends parfaitement, il est bon de changer sa garde robe de temps en temps.
Rohhh Cat', tu ne pouvais pas sortir mieux comme phrase franchement ?
Il précisa qu'il voulait quelque chose de sobre. Evidemment, il n'était pas du genre frivole.
Je soutenais toujours son regard avec mon plus grand sourire. Je faisais en sorte de ne pas être décontenancée même si une certaine tension était palpable et je sentis mes joues chauffer.
Alors nous avons une collection tout fraichement sortie qui je pense pourrais vous plaire. Nous avons des exemplaires en rayon. Laissez moi vous les chercher.
J'avais une idée bien précise en tête qui pourrait lui convenir et surtout ... j'avais besoin de prendre l'air.
Il me laissa partir. Je lui souris en quittant les lieux et referma la porte derrière moi. Ouff enfin sortie. Je pris un instant pour me remettre de mes émotions. Il y avait une grande tension dans ce salon, quelque chose qui me dépassait. Je n'avais jamais connu ça auparavant. Je repris mes esprits. Il ne fallait pas que je le fasse attendre
J'observa la boutique. Heureusement madame Cavanaugh était occupé avec un client. Je couru prendre le catalogue de la collection Seducy. Je le feuilleta rapidement,. C'était parfaitement ce que je voulais. Il avait l'embarra du choix, niveau couleur et niveau coupe. Nous proposions, des vestes, des chemises, des t-shirts, des polos, des pantalons, des sous vêtements, ... tout pour avoir une garde robe complète. Il y avait quelques modèles présents dans le stock. Mince, j'ai oublié le portant qui était dans le salon. Bon tant pis, je pris les modèles par leur crochet de cintre et direction le salon où attendait monsieur Grimaldi. Je souffla un grand coup avec de toquer à la porte pour indiquer mon retour.
Il était toujours là assis et montrait clairement des signes d'impatience. Je posa les cintres sur le portant.
Excusez-moi, j'ai fait au plus vite.
J'étais très gênée, j'avais l'impression de le décevoir. Je rapprocha le portant pour lui montrer.
Voici quelques modèles de la collection Seducy. Vous avez la possibilité de choisir entre plusieurs couleurs, des coupes, mais c'est une collection qui reste très sobre et convient pour tous les moments de la journée.
Je m'arrêta un instant pour reprendre mon souffle, j'étais très nerveuse. Je me tourna vers lui. Il semblait être très intéressé. Cat' tu as gagné un bon point je crois.
Le catalogue est ici si vous voulez voir les différentes coupes et couleurs que nous proposons.
J'ouvris le catalogue nerveusement pour lui montrer et le fis tomber à ses pieds. Mince la boulette.

Lundi 5 juillet 2015,

Jusqu'à mon rendez-vous dans ce magasin, ma journée avait plutôt bien commencé, comme toutes les autres ! Ma routine me plaisait et surtout me rassurait, oui, je crois que c'est le mot, j'étais rassuré de savoir comment tout allait se passer. Pendant bien trop longtemps, je n'avais rien pu prévoir et du coup l'inconnu était devenu source d'angoisse. Mais aujourd'hui, la source de ses angoisses était loin de moi et j'étais adulte, tant que je ne m'étais pas les pieds à San Diego, tout allait bien. J'arrive donc dans ce magasin et la patronne m'annonce que la vendeuse qui s'occupe normalement de moi n'est pas là aujourd'hui, elle s'excuse à plusieurs reprises, elle sait que je n'aime pas les changements, je lui avais bien fait comprendre lors de mon premier rendez-vous, quand j'avais exigé d'avoir toujours la même vendeuse. La directrice me propose de prendre un autre rendez-vous, je lui dis que c'est impossible, je vais donc me contenter de la vendeuse qu'elle va me donner pour aujourd'hui, je n'ai pas vraiment le choix.

J'attends donc Mademoiselle Stephenson dans un salon privé. Elle ne met pas bien longtemps à venir me rejoindre. Certes, je ne suis pas content de devoir faire avec elle, mais bon, je lève mon regard sur elle et je la salue. Mes yeux ne la quittent plus, il la détaille de haut en bas. De son regard gêner, à son sourire timide et jusqu'à la bague de fiançailles qu'elle au doigt. Nous voici assis l'un en face de l'autre et alors qu'elle écrit des choses sur le carnet qu'elle a dans les mains, je me dis que finalement le changement de vendeuse n'est peut-être pas si mal. Je lui explique rapidement ce que je veux, un besoin de refaire ma garde de robe et je lui dis tout de suite qu'elle peut oublier les vêtements trop extravagants.

Nos regards se croisent, elle a deux beaux yeux, des yeux tout innocents, qui ne sont pas pour me déplaire. Je parcours son visage, elle a un beau visage et des lèvres magnifiques. Elle non plus ne me quitte pas du regard, mais elle semble perdre ses mots, me disant que c'est bon de refaire sa garde de robe de temps en temps. Elle semble se ressaisir un peu, me parlant de la nouvelle collection qu'elle a en rayon, elle me dit qu'elle va me chercher cela, sans la quitter des yeux, je lui fais un petit sourire. « Je vous attends... » Elle quitte le salon et je me retrouve seul. Je me sens un peu bizarre, c'est la première fois qu'une femme me fait cet effet. Elle m'intrigue et m'attire comme jamais je ne l'avais été auparavant. Sa démarche, son regard sur moi, son sourire et ses lèvres que j'ai envie de goûter. Il faut que je me ressaisisse !

Les minutes passent, de longues minutes, je n'ai pas toute la journée ! Je regarde ma montre me demandant où elle a été cherchée ses vêtements. Puis la voilà qui franchis de nouveau les portes du salon, les bras très chargés. Elle s'excuse de temps qu'elle a mis et installe les vêtements qu'elle a dans les mains sur le portant. Elle me parle de la collection et du catalogue qui propose les différentes coupent et les différents coloris. Je me lève et je m'approche d'elle. L'avoir aussi prêt de moi et encore plus perturbant, une chance que j'ai appris depuis longtemps à faire face à toutes les situations. Je pose mon regard sur elle. « Je vous remercie. » 

Je regarde les vêtements sur le portant, elle avait fait un très bon choix, j'en suis très satisfait ! Elle a su cerner le style que j'aime. Mon regard s'attarde sur un costume, je le prends dans mes mains. « Je vais aller essayer cela... » je me rends dans la petite cabine, avec un rideau et je me change. J'enfile le costume qui est parfait je trouve. Je sors de la cabine.  


       

Seigneur qu'il était beau.
Pourquoi ai je penser cela ? Prendre le seigneur pour témoin de mon outrage, regarder un autre homme que mon fiancé. Non non je n'ai pas le droit de penser cela. Je dois mon amour, ma loyauté à Steve. Les fiançailles étaient une promesse d'un engagement sérieux. Je repensa à la conversation de ce matin avec Steve. Il y avait quelque chose qui sonnait faux. Étais-je prête à m'engager ? Cette question me fit froid dans le dos.
Monsieur Grimaldi se tenait devant moi. Il admirait mes trouvailles tandis que je lui montrais mon catalogue. Il me remercia, une façon élégante de dire que j'en faisais trop et que je parlais trop. Être si près de lui me déstabilisait. Il n'en était que plus beau. Son parfum était envoûtant à tel point que le catalogue me glissa des mains. J'avais de la chance il n'avait pas fait attention à ma maladresse. Il était trop occupé à regarder les vêtements qui se présentaient devant lui.
Je me baissa discrètement pour prendre le catalogue posé par terre. Et évidemment pour me faciliter la tâche, plein de pages était disséminés partout.
Je fis au plus vite alors qu'il voulait essayer une veste.
Je vous en prie faites.
Toutes les feuilles volantes étaient enfin en ma possession. Je mis en ordre ces pages rebelles en l'observant s'éloigner. Il avait les épaules larges, une allure athlétique et une démarche assurée. Je le vis rentrer dans la cabine et je pris conscience que je ne devais pas du tout être son genre de toute façon. Cat' c'est juste un client, rien de plus. Si ça se trouve tu ne le reverras plus une fois le rendez vous terminé.
Je m'assis dans le canapé, ma main posée sur le front en me demandant pourquoi je me posais tant de questions à son sujet.
J'entendis le rideau s'ouvrir et je repris mon sérieux. Il avança vers le miroir sur pied posé juste à côté de la cabine d'essayage.
Je le rejoignis. Il réajusta les manches et je passa mes mains sur ses épaules pour enlever les derniers plis. Il avait les épaules bien fermes et musclés. Il devait prendre soin de son corps. Il tourna sa tête et regarda ses épaules pour me signaler que mon geste était déplacé.
J'enleva directement mes mains et les cacha dans mon dos. Je me sentais honteuse, j'en faisais sûrement trop.
Peut être qu'il n'aimait pas le contact physique, peut être que je lui inspirait du dégoût. Ohhh Cat arrête de te poser des questions.
Je marcha jusqu'au miroir et le regarda.
Cette veste vous va à ravir. Nous partons sur cette couleur ?
La veste était bleu turquin, un bleu très passe partout, l'idéal pour toutes les occasions.
Évidemment nos tenues sont faites sur-mesure pour vous. J'aurais donc besoin de prendre quelques mesures. Voulez-vous essayer autre chose avant ?
Je soutenais son regard en lui parlant d'un ton sérieux. J'étais contente de réussir à être professionnel. Mais quelque chose m'inquiétait. Il n'avait pas apprécié que je touche ses épaules. Je craignais que l'étape de la prise de mesures se passent mal.

Lundi 5 juillet 2015,

Je n'avais pas des heures à passer dans cette boutique, j'avais un emploi du temps bien chargé et surtout prévu à l'heure prêt. Je n'aimais pas du tout perdre mon temps, je savais ce que je voulais et je savais ce que je ne voulais pas du tout. Avec moi, pas de négociation et pas la peine de me proposer une garde de robe un peu plus "extravagante" j'aime les vêtements sobres et je ne compte pas du tout changer. J'avais eu le droit à une petite surprise en arrivant dans la boutique, la femme qui s'occupait de moi habituellement n'était pas là et bien que je ne supportais pas les surprises et les imprévus, j'allais devoir faire avec, je ne pouvais pas changer mon emploi du temps. La vendeuse que l'on m'avait attribuée, avait l'air professionnel, elle me fait de très belles propositions et je remarque même que c'est une belle femme, finalement, je ne perds pas totalement au change. Elle s'approche de moi, me fais des propositions, que j'écoute avec attention, pendant que mon regard parcourt cette charmante demoiselle. Elle a un petit côté timide, qui lui donne beaucoup de charme, elle semble parfois un peu déstabilisée et rapidement, je remarque l'anneau à son doigt, elle a un homme dans sa vie.

Alors que je regarde les costumes et vêtements que la demoiselle à mis de côté pour moi, je ne peux m'empêcher de la regarder discrètement du coin de l'œil et quand elle fait tomber le catalogue, un demi-sourire s'affiche sur mes lèvres. Je sélectionne quelques vêtements, que je compte essayer, je n'achète jamais sans avoir essayé auparavant. Je me dirige vers la cabine d'essayage et je pourrais presque sentir le regard de la demoiselle posé sur moi. Une fois dans la cabine, je ferme le rideau, mais mon regard reste fixé dessus, Mademoiselle Stephenson est juste derrière. Je repense à la bague que j'ai vue à son doigt et à cette sensation qui m'a parcouru mon corps quand elle s'est approchée de moi. Je ferme les yeux, je dois me ressaisir. Je quitte le rideau des yeux et je retire les vêtements que j'ai sur moi afin d'enfilé ceux que j'ai choisis.

Je quitte la cabine et reviens dans le salon et je me dirige vers le miroir sur pied. J'observe mon image une fraction de seconde, avant de réajuster certaines choses. Elle passe ses mains sur mes épaules pour ajuster au mieux le costume et tout mon corps se raidit, je n'aime pas du tout que l'on me touche, encore moi quand je ne m'y attends pas. Je n'ai rien contre cette femme, mais je ne veux pas sentir ses mains sur moi. Je tourne la tête vers elle, lui signalant d'un regard que ce contact ne me convient pas. Elle retire rapidement ses mains et je me détends un peu. Mes yeux se posent de nouveau sur mon reflet, décidément, elle avait vraiment fait un très bon choix de costume. « Nous pouvons partir sur cette couleur... » je la regarde quelques secondes. « ...vous avez eu un oeil très avisé. »

La suite ne m'étonne pas du tout, elle allait devoir prendre mes mesures, une étape toujours très compliquée pour moi, mais je suis bien obligé de passer par là. « D'accord... » au moins je le savais, j'étais préparé et j'allais me détendre. « Je prendrais également les différents coloris de ce même costume que vous m'avez sélectionné, je n'ai pas besoin de les essayer. » Ce sont exactement les mêmes costumes, avec des coloris différents.   


       

Je ne m'attendais vraiment pas à cela ce matin en me levant.
Une des vendeuses, Sylvia était malade et je devais m'occuper d'un de ses clients. Ce n'était pas n'importe quel client, c'était monsieur Grimaldi. Je n'en avais jamais entendu parlé auparavant mais l'attitude de madame Cavanaugh a son égard montrait bien l'importance qu'il avait pour la boutique.
Et quand elle me laissa, elle m'expliqua bien qu'elle attendait beaucoup de moi. Si je ne faisais pas fuir mon premier vrai client ce serait déjà pas mal. Il fallait que je me montre professionnelle et que je mette vraiment en application tout ce que j'avais appris jusqu'ici. J'étais la vendeuse, je devais lui vendre du rêve. Il était venu pour cela, acheter des tenues qui le fassent rêver.
Quand je croisa son regard pour la première fois, mon cœur bondit. Là, pour le coup, c'était lui qui me faisait rêver et perdre tous mes moyens.
Il fallait que je me contrôle, que je ne laisse rien transparaitre. Ce n'était pas simple et j'étais bien contente de pouvoir m'échapper quelques minutes du salon. Je ne voulais pas qu'on me voit dans cet état de décomposition. Concentre toi Cat'. J'étais très nerveuse et même loin de lui, je n'arrivais pas à me calmer. Mon esprit était toujours là bas, à ses côtés. Je pris la veste que j'avais en tête et l'admira quelques instants. Je l'imaginais déjà dedans. Vraiment, il sera très beau.
Je retourna avec mes trouvailles dans le salon. Il m'attendait là, le regard plein de fougue et d'impatience.
Il regarda les tenues et moi je ne pouvais détourner mon regard de lui. Sa silhouette, ses yeux scrutateurs et ses gestes d'une élégance rare. Je pinça mes lèvres en l'observant. Il était vraiment beau.
Il partit en direction de la cabine d'essayage et je ne pouvais détacher mon regard de sa personne. Il m'avait envoûté.
J'essayais de reprendre mes esprits lorsqu'il ferma le rideau derrière lui. Je ne me reconnaissais plus. Je n'étais pas du genre à craquer pour un homme, un homme que je connaissais à peine. Échanger quelques mots ce n'est pas ce que j'appelle connaître quelqu'un. Avec Steve, mon fiancé, nous avions pris le temps de nous connaître vraiment avant que je tombe amoureuse de lui. Mais lui, mon client ne me faisais pas le même effet. En un rien de temps, il a su troubler tous mes sens.
Il faut que je me fasse une raison, de toute façon ce n'est pas un homme pour moi. Sylvia va bien revenir un jour et ... Monsieur Grimaldi préférera largement faire appel à nouveau à ses services. Elle est bien plus expérimentée que moi.
Il sorti de la cabine d'essayage et s'approcha du miroir pour s'admirer.
Il était beau, encore plus beau avec cette veste. J'étais fière de moi.
Par réflexe je réajusta ses épaules. Il n'aimait clairement pas cela car il se crispa de suite. Encore une maladresse de ma part. Je m'étonne même qu'il n'ait pas déjà quitté la boutique furieux. Si cela arrivait, je crois que madame Cavanaugh me virerait sur le champ et il ne faut pas se mentir ma jeune carrière prendra un coup dur.
Je retira mes mains et il se radoucit. Il finit par avouer que j'avais bien choisi.
Je lui répondis timidement.
Je vous remercie. Vous êtes vraiment très élégant dans cette tenue.
Il fallait que je sois plus attentive à ses réactions pour ne pas le mettre mal à l'aise. Une tâche très difficile car c'était un homme qui ne laissait pas passer ses émotions. Je l'avais vite compris. J'avais peur tout de même que mes propres émotions altèrent mon jugement.
Je lui expliqua la suite des évènements, c'est à dire prendre les mesures. Sylvia les avait sûrement déjà mais il fallait les reprendre à chaque fois pour ne pas faire d'erreurs. Cela peut vite varier et je n'avais aucune idée de quand il était venu pour la dernière fois.
J'essayais de le rassurer, il avait du mal à ce qu'on l'approche de trop près.
Cela va être rapide, ne vous en faites pas.
Je retourna à l'entrée du salon il y avait un placard avec tout le nécessaire. Je retourna vers lui avec mon attirail.
Je commença à sortir mon mètre quand il m'informa qu'il prendra tous les coloris.
J'étais très étonnée de sa demande. Mais il ne fallait pas que je le montre.
Il devait vouloir avoir le choix mais sa garde robe devait être immense. Il devait avoir une pièce dédie à ses costumes. Quand on a les moyens, comme lui doit les avoir, on peut tout se permettre.
Oui bien sûr, je note cela de suite.
Je pris mon calepin et nota le nécessaire pour passer commande pour monsieur Grimaldi.
Je m'approcha de lui pour prendre les mesures en commençant par les épaules. J'étais vraiment au plus près de lui, des frissons parcouraient tout mon corps. Je sentais la chaleur de sa peau et son parfum enivrant. Cat' concentre toi. Je souffla doucement pour me ressaisir et continua mes mesures en notant scrupuleusement toutes les informations recueillies.

Lundi 5 juillet 2015,

J'étais client chez Ralph Lauren depuis un petit moment maintenant, je n'aimais pas du tout changer mes habitudes et en plus, les vêtements de chez Ralph Lauren était de grande qualité. Il m'arrivait, naturellement, d'acheter parfois dans d'autres grandes boutiques, mais encore une fois, je n'aimais pas changer mes habitudes. Puis bon, la femme qui s'occupait de moi connaissait mes exigences, donc pourquoi aller voir ailleurs ? Cependant, ce matin, j'ai la surprise de découvrir que Sylvia n'est pas là et qu'une autre vendeuse allait s'occuper de moi...je n'aimais pas quand mes habitudes sont bouleversées.

Je fais la connaissance de la vendeuse qui allait s'occuper de moi. Au début, je suis un peu septique, car elle n'a pas l'air à l'aise, mais alors pas du tout. Puis elle le fait de belles propositions, elle est très professionnelle et je reconnais que la façon qu'elle a de me regarder et de rougir, ne me laisse pas indifférent. J'en joue un tout petit peu, mais de façon très discrète et subtile. Je remarque assez rapidement l'anneau qu'elle porte au doigt, elle est fiancée ou mariée. Elle quitte quelques instants le salon privé, me laissant seul. J'en profite pour me ressaisir, cette femme ne me laisse pas indifférent et je n'aime pas cela. Quand elle revient, elle me montre les vêtements qu'elle a pour moi. Je suis très content de ses propositions, elle vise juste, très juste.

Je prends les affaires qu'elle me donne et je m'éloigne d'elle, ce n'est pas plus mal, je n'aime pas du tout être perturbé ! J'enfile les vêtements et je ressors de la cabine. Encore une fois, je ne laisse rien paraître, le faite qu'elle est un homme dans sa vie, m'aide à me ressaisir rapidement. Une fois sorti de la cabine, je m'approche du miroir et je me regarde, j'observe le vêtement que je porte et surtout la façon dont il tombe sur moi. Comme dans tous les aspects de ma vie, mon apparence doit être irréprochable. Alors que je me regarde dans le miroir, elle s'approche et pose ses mains sur moi. Je ne supporte pas du tout d'être touché, encore moins quand je ne m'y attends pas. Je me crispe, c'est plus fort que moi. Elle retire ses mains rapidement et je me détends. Je pose mon regard sur elle et je lui dis qu'elle a eu un œil très avisé, elle a fait de très bons choix pour moi. Mes compliments ont l'air de la mettre un peu mal à l'aise, je la vois rougir et me remercier, tout en ajoutant que je suis très élégant dans ces tenues. Je pose mon regard sur elle et je lui fais un petit sourire.

Elle me dit alors que nous allions devoir prendre mes mesures, je n'aime pas du tout, c'est d'ailleurs le moment le plus compliqué pour moi. Mais je suis averti et je me prépare, je suis comme cela, je ne supporte pas spécialement que l'on me touche. Je regarde la demoiselle et je lui dis "d'accord" pour les mesures. Elle me dit que cela va être rapide et j'en suis ravis. Elle s'éloigne afin d'aller chercher de quoi prendre mes mesures et je l'avertis que je prendrais tous les coloris du costume que j'avais essayé, les coloris qu'elle m'avait montré. « Je vous remercie...qu'on me les fasse livrer directement à mon domicile. » c'était bien plus simple pour moi.

Elle prend alors mes mesures et je ressens quelque chose que je ne ressens pas quand c'est Sylvia qui se charge de cela. Quand je sens ses mains sur moi, un frisson me parcourt le corps. Je ferme les yeux et je chasse cela, je ne peux pas, je ne veux pas...puis cette femme n'est pas libre et certaines pas ouvertes à mes goûts très particuliers.


       

En me réveillant ce matin, je pensais que ma journée serait ordinaire. J'allais devoir faire du rangement dans la boutique, préparer les commandes des clients, servir le café et d'autres tâches ingrates que personne ne voulait faire même madame Cavanaugh. Mais je n'avais pas encore appris que il n'y avait jamais de journée ordinaire chez Ralph Lauren et encore moins dans la boutique de la plus puissante des capitales.
Par malchance, Sylvia était malade. C'est vrai que vendredi elle n'était pas en grande forme.
A peine arrivé et le temps de me débarrasser de mes affaires que un de ses clients débarque. Et bien sûr, ma patronne avait eu le chic de me choisir pour m'occuper de lui.
Un beau partie, c'est vrai mais comme avec tous les clients qui foulent les portes du magasin nous n'étions pas du même monde. J'étais styliste et débutante dans le monde professionnel.
Je ne m'attendais pas à ce que ce même client, monsieur Grimaldi me fasse autant tourner la tête.
Qu'est ce qu'il m'arrivait ? Ce n'était pas mon genre. Aucun homme n'avait aiguisée mon intérêt à part Steve et lui, il débarque sur mon lieu de travail et chamboule tous mes sens. Comment était ce possible ?
Il était dans la cabine pour se changer et je n'arrivais pas à penser à autre chose qu'à lui. Je ne pouvais détourner mon regard du rideau de la cabine comme si j'arrivais à voir au travers.
Il finit par en sortir, je baissa les yeux vers le catalogue que je serais fortement contre ma poitrine. Je devais faire comme si de rien n'était.
Il était beau dans cette tenue et je devais garder un regard professionnel sur son apparence.
Nous validions ensemble les tenues qu'il désirait et c'était le moment de prendre les mesures. Je savais bien que ce ne serait pas une partie de plaisir ni pour lui ni pour moi. Je sortis mon mètre et jeta un œil dans le miroir face à nous. Il était tendu, vraiment tendu. Je cherchais des mots pour le rassurer mais un simple "Cela va être rapide, ne vous en faites pas." sorti de ma bouche. Pour rompre le silence pesant il finit par préciser qu'il voulait que ce soit livrer chez lui. J'acquiesce de la tête et le nota sur mon calepin. L'adresse devait être dans nos dossiers client. Ce serait mal placée de ma part de lui redemander. Je finis de mesurer la largeur de ses épaules. Il n'avait pas l'air très bavard et moi j'étais trop concentré pour faire la conversation. Et pourtant j'aurais tellement envie de lui parler, apprendre à le connaître, en savoir plus sur lui ... Mais il ne faut pas se mentir ce n'était ni le lieu ni le moment pour cela.
Mon téléphone sonna pour rompre une nouvelle fois ce silence. Je le sortis machinalement de ma poche pour regarder qui c'était. C'était Steve qui m'appelait. Ce n'est pas le moment de lui répondre. J'étais au travail et avec un client. J'aurais même pas dû le laisser allumé. Je le rappellerai plus tard. J'eteignis mon téléphone et le rangea soigneusement dans ma poche.
Je suis désolée, j'ai oublié d'éteindre mon téléphone. Ça ne se reproduira plus.
J'étais gênée d'avoir vu le nom de Steve comme si c'était un signe que je devais me focaliser sur lui et pas un autre. Je regarda dans le miroir. Un regard perçant me scrutait. Je baissa la tête pour reprendre mon travail.

Lundi 5 juillet 2015,

En me levant ce matin, j'étais complétement serein, je savais exactement comment ma journée allait se passer. Je planifiais toutes mes journées, je ne laissais pas de place à l'improviste, il en était hors de question. J'avais ce besoin d'être rassuré et de connaître les événements à venir. Mais un énorme imprévu m'était tombé sur la tête, ma styliste habituelle n'était pas présente et j'allais devoir me contenter d'une autre. J'aurais pu reporter le rendez-vous, mais ma semaine était planifiée, j'avais donc prit sur moi et je m'étais dit que j'allais faire avec cette "Mademoiselle Stephenson". Les premiers échanges sont similaires à ceux que j'ai avec Sylvia, mais rapidement, je me rends compte que rien n'est similaire. La présence de Mademoiselle Stephenson me perturbe complétement, je dirais même qu'elle me déstabilise, je n'avais encore jamais ressenti cela.

Quand ses mains se posent sur moi, je ressens un frisson qui parcourt tous mes corps, une chaleur quasiment nouvelle, moi qui n'aime pas du tout être touché, voilà qu'une part de moi demande à ce qu'elle pose de nouveau ses mains sur moi. Mais je n'aime pas du tout perdre le contrôle de la sorte, donc j'évite tout contact avec elle et il me tard de quitter le magasin. Je n'ai qu'une envie reprendre es esprit, le contrôle et surtout le cours de la vie très bien organisé et planifié.

Je lui dis ce que je veux, les modèles de costume que je compte acheter et j'accepte qu'elle prenne mes mesures. Je souffle, j'essaie de me détendre. Je ne sais pas du tout ce qui me déstabilise le plus, être touché ou être touché par elle. Alors qu'elle commence à prendre les mesures, j'essaie de me focaliser sur la bague qu'elle porte, elle est fiancée ou mariée, elle a un homme ou une femme dans sa vie. Je me dis que c'est sûrement un homme. Son téléphone sonne, elle le prend en mais ne décroche pas. Elle s'excuse alors pour cela et me dit que cela ne se reproduirait plus. « Il n'y a aucun souci, vous pouvez même rappeler la personne si vous le souhaitez... »


       

Avec Steve tout avait été très rapide. Nous avions eu ce qu'on appel le coup de foudre dès nos premiers jours de cours de marketing. Je n'avais jamais eu d'intérêt pour les hommes avant lui. J'étais trop obnubilé par mes livres et mes études pour penser à vivre ... Au grand désarroi de mes parents qui comme pour mes frères et sœurs voulaient me caser.
Steve est pour eux le gendre idéal, de bonne famille, assez riche et croyant qui plus est. Nos pères avaient vite sympathisés.
Je ne pensais pas que cette relation durerait. Il faut dire que je ne connaissais rien à l'amour à part les belles histoires à l'eau de rose.
Nous ne sommes pas du même monde, lui dans la finances et moi dans la mode. Mais malgré cela on s'aime éperdument. Nous voilà 2 ans plus tard toujours amoureux. Pour marquer le coup Steve avait demandé ma main à mon père. C'était la tradition. Mon père le considérait déjà comme son fils alors il ne pu refuser une telle demande.
Et une fois nos deux diplômes en poche, direction la capitale pour lancer nos carrières. Je n'avais pas eu de mal à trouver un poste chez Ralph Lauren. Il faut dire que j'ai été pistonné par mon mentor, monsieur Groots, qui me considérait comme une femme pleine de talents qui a un avenir prometteur. Pour Steve, ça a été plus compliqué. Il venait à peine de trouver un boulot en tant que conseiller financier pour un grand groupe de luxe.
J'avais la certitude que Steve était l'homme de ma vie, que aucun autre homme pouvait m'intéressé et pourtant ... aujourd'hui je ne savais plus quoi penser.
Etait ce parce que j'en voulais à Steve ? Etait ce parce que j'avais envie de mettre du piment dans ma vie bien trop chaste ? Je ne sais pas, mais en tout cas il ne fallait pas se mentir, mon premier client, l'homme qui se tenait devant moi, ne ressemblait pas à Steve mais ... il me faisait perdre tous mes moyens.
Des frissons parcourus mon corps quand je commença à prendre les mesures de monsieur Grimaldi. nous étions si proches l'un de l'autre. Il avait un parfum enivrant. Je posa mes yeux sur mon mètre que je posa sur une de ses épaules. Il avait des épaules larges et charnues. Je sentais sa force rien qu'en regardant son dos imposant. Il devait beaucoup s'entretenir. Dommage que Steve ne soit pas aussi athlétique que lui.
J'inspira un bon coup en lui disant.
Cela va être rapide, ne vous en faites pas.
Mon téléphone sonna pour me ramener à la réalité. C'était Steve. Je ne pouvais décemment pas prendre son appel. Tout d'abord parce que je travaillais et deuxièmement je me sentais mal à l'aise à l'idée de parler à mon fiancé devant lui.
Je m'excuse auprès de mon client et éteignis mon téléphone.
Je fus surprise par sa réaction. Il me proposa même de rappeler la personne. Je ne m'attendais pas à cela de sa part. Je n'avais pas envie de rappeler Steve, pas là. Mes pensées n'étaient pas pour lui actuellement. Je regarda monsieur Grimaldi dans les yeux à travers le miroir. Je ne pouvais m'empêcher de me dire que mes pensées étaient pour lui. Il occupait toutes mes pensées. J'espérais même qu'il le comprenne.
Mon interlocuteur pourra attendre la fin de notre rendez-vous. Je ne veux pas plus faire perdre votre temps, j'imagine que vous avez mieux à faire que rester avec moi.
Je ris légèrement. Je ne savais pas comment il prendrait ma réflexion.
De toute façon, nous avons bientôt fini.
 

Lundi 5 juillet 2015,

Je n'étais pas le genre d'homme à me laisser perturber, je ne me laissais jamais perturber, mais la femme que j'avais en face de moi me perturbait, pour je ne sais quelle raison. Je pense que j'avais observé cette femme, autant qu'elle m'avait observé. J'avais remarqué son air timide et mal à l'aise en ma compagnie. J'avais aussi vu qu'elle avait une bague de fiançailles ou de mariage carrément, ce n'était donc pas une femme libre, mais bon, cela n'est qu'un petit détail. Cette femme avait aussi un côté innocent, cela aussi, je pouvais le voir. Mon sixième me disait aussi qu'elle était aussi très chaste, mais vu qu'elle avait un homme dans sa vie, mon sixième se trompait un peu.

Quand le moment de prendre mes mesures vient, je la laisse faire, bien que je n'aime pas du tout que l'on me touche. Ce moment est toujours pour moi le plus désagréable des moments, je suis donc très tendu, mais je ne suis pas le seul. Mademoiselle est tout aussi mal à l'aise, pourtant elle fait cela toute la journée. Cette situation me fait légèrement sourire. J'ai l'impression que ses mains parcourent mon cours, ce qui fait que mon cœur bat encore plus fort, je me crispe, mais d'un autre côté, je suis moins gêné que d'habitude et une toute petite voix en moi me dit que finalement, ce n'est pas si désagréable. Elle me dit que cela va être rapidement et au vu de ma perturbation, je n'ai qu'une hâte, qu'elle retire ses mains.

J'ai un peu chaud d'un seul coup, mais c'est une chaleur d'une sensation nouvelle. J'ai l'impression d'être transporté loin de ce magasin, mais la sonnerie de son téléphone me ramène, nous ramène, à la réalité. Elle coupe son téléphone et s'excuse, je pose mon regard sur elle en lui disant qu'il n'y a pas de mal et qu'elle peut même rappeler la personne si elle le souhaite. Mais elle me dit que son interlocuteur attendra la fin de notre rendez-vous. Elle ajoute alors que j'ai sûrement mieux à faire que d'être avec elle. Sa présence me perturbe et je n'aime pas du tout cela, je n'aime pas l'idée de pouvoir perdre le contrôle. « J'ai effectivement une bonne quantité de rendez-vous... » Une part de moi a très envie de m'éloigner le plus loin possible d'elle, n'aimant pas cette sensation de non contrôle. Elle me dit que nous en avons bientôt terminé, donc je me dis que bientôt, je serais dans ma voiture, loin de cette femme et des perturbations qu'elle m'avait causé.


       

Je ne m'attendais pas à une matinée aussi riche en émotions. Je pensais que j'allais encore devoir réceptionner les commandes comme chaque lundi. Sylvia était absente et bien sûr madame Cavanaugh m'avait choisi pour la remplacer. Elle avait un rendez-vous important avec un client prestigieux et nous ne pouvons décemment pas annuler un rendez-vous au pied levé avec notre clientèle. C'est la réputation de Ralph Lauren qui en prendrait un coup.
J'étais mise à rude épreuve non seulement sur le plan professionnel mais sur le plan... Émotionnel. Mon coeur battait à 100 à l'heure en sa présence, je n'arrivais pas à me calmer. Il perturbait tous mes sens. Jamais un homme ne m'avait fait ressentir cela, même pas Steve qui était mon fiancé, celui que je devais aimer plus que tout.
Vient le moment de prendre les mesures. J'en avais fait énormément par le passé mais ... C'était des cobayes de l'école ou des mannequins pas des clients milliardaires et beau à tomber à la renverse. Je voyais bien qu'il n'était pas à l'aise à mon contact, ça devait être aussi déstabilisant pour lui que pour moi mais sûrement pas pour les mêmes raisons. Nous n'étions pas du même monde, clairement pas.
Ressaisi toi Cat'. Finis ton travail et laisse le partir. Tu n'auras plus à faire à lui par la suite.
Steve m'appella. Sûrement pour s'excuser de ce matin mais ce n'était vraiment pas le moment. Je regarda mon client avant d'éteindre mon téléphone. Non je ne peux pas lui parler.
Nous avions bientôt fini et je voyais bien que monsieur Grimaldi s'impatientait.
Je le rassura et lui expliqua d'une voix douce qu'il me restait la taille à mesurer.
Je posa le mètre au dessus de sa hanche. Il me regarda faire. Je me concentrais un maximum sur ce ruban en sentant son regard posé sur moi. Mes sens étaient en éveil sous la chaleur de son regard. Je ne devais pas défaillir. Ma carrière et ma vie toute entière était en jeu.
Je maintenu avec un main le ruban tandis que de l'autre main je le saisis le pour faire le tour au plus près de sa taille. Je nota scrupuleusement cette dernière mesure avant de reprendre mon mètre.
Je crois que nous avons fait le tour.
Je feuilleta mon calepin pour faire le tour de mes notes.
Je le regarda avec un grand sourire.
En tout cas tout est bon de mon côté. Votre commande sera prête d'ici la fin de semaine. Vous avez des questions ?
J'avais un petit pincement au cœur à l'idée de le voir partir mais d'un autre côté il fallait que je m'éloigne de cette tentation et que je retrouve le cours tranquille de ma vie.